À demain
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Colportage utopiste pour l’espace public.
À demain propose d’ouvrir une brèche vers des futurs positifs. Un acteur porte une boîte à surprise et propose aux passants d’assister en une à deux minutes à l’éclosion quasi magique d’un futur sans zombis, ni société totalitaire ou catastrophes écologique. Le dispositif d’ensemble comprendra douze boîtes et huit acteurs, et autant de futurs possibles, réalisés par des plasticiens, écrits poétiquement.
Spectacle disponible en anglais
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À demain
Colportage utopiste pour l’espace public
« Mon cher ami, je vous envoie un petit ouvrage dont on ne pourrait pas dire, sans injustice, qu’il n’a ni queue ni tête, puisque tout, au contraire, y est à la fois tête et queue, alternativement et réciproquement. […] Enlevez une vertèbre, et les deux morceaux de cette tortueuse fantaisie se rejoindront sans peine. Hachez-la en nombreux fragments, et vous verrez que chacun peut exister à part. Dans l’espérance que quelques-uns de ces tronçons seront assez vivants pour vous plaire et vous amuser, j’ose vous dédier le serpent tout entier. »
Charles Baudelaire
Imagination
Frappées par le pessimisme morose qui commande à nos visions du futur et dont témoignent toute une littérature de la dystopie totalitaire et une cinématographie de la catastrophe écologique et sanitaire, les Grandes Personnes ont voulu inventer une création théâtrale qui envisage des futurs optimistes peut-être encore à notre portée, car elles sont intimement persuadées que la curiosité et l’imagination sociales, politiques ou écologiques sont trop peu sollicitées.
Concision
Pour ce projet, nous avons inventé un format spécifique, un ensemble de petites formes, voire de « formules » intimistes, de quelques minutes, destinées chacune à un groupe suffisamment réduit pour pouvoir regarder dans une boîte portative, soit deux couples, une famille, une petite bande de passants. Les boîtes sont indépendantes les unes des autres, mais constituent un tout que l’on peut découvrir dans n’importe quel ordre. Le défi de cette esthétique de la concision, reposant sur un geste théâtral unique, sur une sculpture animée et sur un texte court, s’est montré particulièrement stimulant.
Boîtes
À demain propose d’ouvrir une brèche vers des futurs positifs. Un acteur porte une boîte à surprise et propose aux passants d’assister en une à deux minutes à l’apparition d’une utopie. Le dispositif d’ensemble comprend de six à dix boîtes avec chacune son acteur, et autant de futurs possibles, réalisés par des plasticiens aux esthétiques variées. De la boîte, surgissent musiques, parfums, architectures ou figurines ; certaines se déploient comme des fleurs, d’autres s’ouvrent comme des huîtres. Même si l’expérience la plus riche est de les voir toutes, chacune se suffit à elle-même, et l’ordre dans lequel on les découvre crée autant d’expériences variées.
Voyageurs
Si le spectacle propose plutôt une série de minuscules représentations, les colporteurs d’utopie constituent aussi un groupe vêtu de costumes créés pour l’occasion, tous différents mais possédant des traits communs. Ce sont des voyageurs venus du futur, porteurs de fragments d’avenir. S’ils sont d’abord étourdis par l’étrange nouveauté (ou vétusté) du lieu où ils débarquent, s’ils évoluent d’abord avec prudence, ils se dispersent bientôt pour montrer aux passants ce qu’ils ont apporté, et se réunissent par moments pour évoquer les rencontres qu’ils ont faites.
Public
Si le théâtre de rue emmène le spectacle à la rencontre d’un public qui fréquente peu les salles, À demain, grâce à sa légèreté, sa mobilité et sa brièveté se propose de toucher jusqu’aux gens qui n’ont pas le temps, qui ne sentent pas concernés et qui ne s’arrêtent pas. Créant un minuscule espace scénique éphémère dans une boîte magique, il veut retenir l’espace d’une minute ou deux pour un partage porteur d’espoir, à la fois poétique, plastique et théâtral, les passants, les gens qui font leur course, et peut jouer aussi bien dans un marché que le long d’une file d’attente ou dans un transport en commun. Avec un peu de chance, l’expérience de ce partage autour d’une boîte utopique donnera envie d’en voir une autre, puis encore une autre, puis de là conduira peut-être vers d’autres spectacles. Enfin, les textes poétiques de chacune des boîtes prévoient des prolongements, des déclinaisons, au cas où des spectateurs souhaiteraient prolonger l’expérience, ou venir les voir à nouveau.
Expérimentation
Le procédé est nouveau si bien que texte et boîtes reçoivent des ajustements réguliers, et ils varieront au fil des besoins et des découvertes. Des utopies et des boîtes supplémentaires viendront s’ajouter au fil des représentations.
Ateliers
Puisque notre utopie se veut diverse et polyphonique, il serait tout à fait pertinent qu’une série de représentations d’À demain soit précédée par un atelier participatif, qui pourrait comporter jusqu’à trois axes, écriture de propositions utopiques, fabrication d’une ou de plusieurs boîtes pour les concrétiser, et jeu théâtral autour de la boîte. On peut aussi se concentrer sur l’écriture et la fabrication, en laissant à un acteur de la troupe le soin de la présenter au public. La conception d’ensemble du spectacle, dont chaque fragment peut être vu dans l’ordre que l’on veut, permet d’y ajouter autant de scènes supplémentaires qu’on le désirera.
Histoire
Enfin, le dispositif utilisé s’appuie sur une des traditions les plus anciennes et les plus méconnues du théâtre de rue, celle des « curiosités » montrées par les Savoyards dès le XVIIIe siècle.
Utopies
Si plusieurs autres boîtes sont déjà en chantier, sur le thème de la ville végétale ou sur la manière de vivre avec les maladies mentales, dans sa configuration actuelle, À demain en comporte six.
• L’éloquence du toucher
« Le toucher est devenu un langage aussi efficace qu’universel. L’espéranto du futur. »
• Conversations avec les fantômes
« Certains fantômes donnent même des consultations comme traducteurs de langues oubliées, révélateurs d’énigmes familiales, souffleurs de savoir, inverseurs de malheurs… »
• La clé des songes
« Ça s’est enfin réalisé ! Demain, on déchiffre l’obscur langage des rêves à livre ouvert. »
• Grande ouverture
« Au fond, nous ne sommes pas faits pour les murs. Les parois nous contrarient. Nous sommes nés pour l’espace. Dehors, c’est le Pérou, c’est Java, c’est Cythère. »
• Avec les insectes
« Après la grande réconciliation, les grillons sont devenus nos ambassadeurs scrupuleux auprès des autres insectes. »
• Le concert des âges
« Voyez-vous, ce n’est pas demain, ni même après-demain, mais un des jours suivants, qu’on a dissous la frontière qui séparait les gens selon leur âge. »
Conception et mise en scène : Christophe Evette
Textes : Jean-Baptiste Evette
Costumes : Solenne Capmas assistée de Bérangère Pivot
Direction d’acteurs : Evelyne Fagnen et Eric de Sarria
Comédiens : Pauline de Coulhac, Benoit Hamelin, Sévane Sybesma, Raphaële Trugnan et Nicolas Vullier.
Plasticiens : Nicolas Vuillier, Virginie Chevrier, Christophe Evette, Solenne Capmas, Laure Bouchereau, Matisse Wessels, Izimi Konaté, Yabako Konaté, Maëlle Lignier, Valentina Torres
Constructeurs : Frank Oettgen, Lucie Taralo, Jean Martin, Stefano Emili
Automates : Nicolas Vuillier
Peintre : Virginie Leforestier
Vidéo : Quentin Blondel
Avec le soutien de la DRAC Île-de-France,
du Réseau Déambulation,
de Depuis 1920,
des Ateliers Frappaz – CNAREP Villeurbanne,
du Moulin Fondu – CNAREP Noisy-le-Sec,
de la Villa Mais d’Ici et de la Fontaine aux Images à Clichy sous Bois.